BONS MOTS, VACHERIES ET GRANDES TIRADES (627 CITATIONS), SA VIE, SES PIÈCES, SES FILMS, 546 AFFICHES ET DESSINS...
Michel Simon chez Sacha Guitry en 1951.
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En ville il arborait cape, chapeau et lavallière noire, en bref une silhouette reconnaissable entre toutes. Chez lui, parmi les trésors de son musée particulier situé à vue de la tour Eiffel, au 18 de lavenue Élisée-Reclus, dans une somptueuse robe de chambre en soie il pouvait recevoir lun des puissants de ce monde. Mais avec sa voix inimitable, tant nasale que profonde, et avec sa superbe, il faisait trembler plus d’un. En effet ce géant de la scène, ce monstre sacré, ce monument de la Ville lumière – dont il incarnait l’esprit même – était un homme libre. Affectant la misogynie, malgré son amour du vaudeville et moult liaisons tumultueuses ponctuées de mariages aussi retentissants que les divorces qui les concluaient, il savait mieux que quiconque placer la femme sur un piédestal. Également réputé misanthrope, et narcissique, lui qu’on surnomma Moâ était grand prince, secourant les victimes d’injustice comme s’il s’agissait de laver un affront personnel. Enfin, bien que fils du plus célèbre comédien d’un temps révolu – Lucien Guitry –, sans obtenir le certificat d’études il s’était fait un prénom, puis il a construit une œuvre et conquis une gloire qui doivent tout à son propre panache, à son génie, que lui contestèrent avec acharnement les pisse-froid et la critique, voués par lui aux gémonies. Jusqu’aux Amériques il triompha à l’envi. Refusa-t-il l’Académie française, ou d’être joué en Allemagne (hors Stalags) de son vivant ? Certes oui, pourtant les mauvais procès s’ensuivirent. Ils n’eurent pas raison de son appétit de plaire et surtout de briller, jusqu’à l’excès, ni de sa prodigieuse force de travail ou de sa verve magnifique. Seule la maladie réussit à l’abattre, il y a de cela des lustres qui semblent déjà des siècles tant il demeure irremplacé, voire irremplaçable, en notre millénaire sans âme ni joie de vivre. 

En 1950, dans le salon-bureau du 18 de l'avenue Élisée-Reclus.
De gauche à droite : René Gérin, Jeanne Fusier-Gir, Fernandel, Sacha, Lana Marconi et Pauline Carton.